Partir à la découverte du patrimoine naturel : L’espace naturel sensible de Micheville (ENS)

Partir à la découverte du patrimoine naturel : L’espace naturel sensible de Micheville (ENS)
Ancien site sidérurgique et minier, l’ENS de Micheville, propriété du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, s’étend sur 463 hectares.
Suite à l'arrêt de l'exploitation de la mine de fer à ciel ouvert dans les années 1980, le décor minéral a peu à peu laissé sa place à la nature. Dans ce secteur urbanisé, la friche industrielle de Micheville, se trouvant en lieu et place de haut-fourneaux démantelés en 1986, a ainsi constitué un refuge pour de nombreuses espèces d'oiseaux, d'insectes, ou encore d'amphibiens, devenus rares en Lorraine.
Un patrimoine riche en histoire
L’ancienne carrière à ciel ouvert est composée d’un impressionnant cirque long de plus de 800 mètres et 50 mètres de hauteur formé par un front de taille accompagné d’éboulis calcaires, et d’une alternance de boisements pionniers et de pelouses calcaires qui se sont développées sur le substrat ferrifère mis à nu. Le terrain offre un paysage étonnant de canyon teinté de rouge par la haute teneur en fer contenue dans la roche tranchant avec la vue d’un environnement urbain et post-industriel marqué par les cités ouvrières de l’agglomération de Villerupt et par les énormes murs de soutènement qui enserrent la ville.
Une biodiversité locale à protéger
La présence de 39 espèces d’importance régionale confirme l’intérêt écologique remarquable du site. Suite à l’arrêt des activités sidérurgiques de la Société des Aciéries de Micheville en 1986, le site a été partiellement replanté, et progressivement colonisé par des boisements pionniers et par une succession de cortèges floristiques typiques des pelouses thermophiles. Un réseau de mares permanentes et temporaires, dont la mare de la Houtte alimentée par une source émanant du front de taille, permet l’expression d’une diversité exceptionnelle d’amphibiens typiques des milieux pionniers (Crapaud calamite, Pélodyte ponctué, Alyte accoucheur, ...). Un réseau d’anciennes galeries d’exploitation minière abrite plus de la moitié des espèces lorraines de chauves-souris.
Les faciès de pelouses calcaires, largement présents, permettent le développement d’une importante population de lépidoptères et d’orthoptères typiques (Damier de la Succise, Azuré du Serpolet, Oedipode bleu...)
Un espace en danger
Depuis son classement en 2012, l’ENS de Micheville est sujet à des risques et dégradations qui impactent fortement la biodiversité de cet espace protégé : la route traversant le site d’est en ouest (risque de fragmentation de l’habitat), l’embuissonnement progressif des zones de pelouses et des mares qui abritent les cortèges d’espèces pionnières, la pratique anarchique des engins motorisés, et les nombreux dépôts sauvages de déchets. Le site est actuellement parcouru par de nombreux sentiers et anciennes pistes d’exploitation. Le maintien des conditions pionnières reste l’enjeu majeur du site : Sa préservation passe par une limitation de l’embuissonnement sur les zones de pelouses, des dispositifs de franchissement de la route pour en réduire les incidences, un entretien régulier des mares où se reproduisent les amphibiens, et la régulation des activités de loisirs motorisés.
✅ En 2021, le service territorial aménagement du Département installe 5 panneaux interdisant la circulation d’engins motorisés sur les accès les plus empruntés accompagné de panneaux de sensibilisation pour informer sur les richesses environnementales, sur les origines minières et industrielles, ou encore sur les bonnes pratiques à avoir sur le site de Micheville.
Pour en savoir plus sur les ENS : https://meurthe-et-moselle.fr/actions/transition-%C3%A9cologique/les-espaces-naturels-sensibles
-- Crédits photographiques : ©GBERGER-CD54