Lors de cette session particulière, la présidente a souhaité « rappeler, avec gravité, la menace qui pèse sur nos services publics de proximité, un service public qui est la raison d’être de notre collectivité, qui place le Département au cœur d’un véritable réseau de solidarités » et précisé la raison pour laquelle cette séance était consacrée « aux conséquences des projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2025 sur le quotidien des Meurthe-et-Mosellanes et Meurthe-et-Mosellans. »
A l’aube d’un projet de loi aux conséquences potentiellement désastreuses, elle fustige « les choix budgétaires mais également fiscaux des gouvernements successifs d’Emmanuel Macron [qui] ont conduit inexorablement au démantèlement des services publics de proximité, au détriment des territoires, en particulier dans la ruralité, au détriment des habitantes et des habitants, en particulier les plus fragiles. »
Rappelant aussi qu’une bonne collaboration avec l’État porte pourtant ses fruits « lorsque commune et Département, intimement liés par l’Histoire, s’engagent ensemble avec l’État, les résultats sont au rendez-vous. L’expérimentation « Avec vous pour vos droits », Territoire zéro non-recours déployé sur le territoire de la métropole du Grand Nancy en est une illustration exemplaire. »
Elle apporte quelques précisions sur le contexte budgétaire « Nos dépenses augmentent sous l’effet conjugué de la hausse des besoins sociaux, de l’inflation mais aussi de décisions nationales non compensées. Dans le même temps, nos recettes s’effondrent sous l’effet de la crise de l’immobilier. En Meurthe-et-Moselle, les droits de mutation, dont nous dépendons fortement, ont chuté de près de 40 millions d’euros entre 2022 et 2024. » « Des efforts, les Départements en consentent d’ores et déjà au quotidien en assumant par exemple un reste à charge de plus en plus vertigineux au titre des allocations individuelles de solidarité. C’est de l’ordre de 12 milliards d'euros à l’échelle nationale […] plus de 100 millions pour le seul Département de Meurthe-et-Moselle, soit l’équivalent de notre budget d’investissement annuel. »
Elle évoque les récentes Assises des Départements de France « Lorsque François Sauvadet, Président de l’Assemblée des Départements de France, s’interroge avec force : « On cherche quoi ? La mort des Départements ? », il met en lumière l’ampleur de la saignée budgétaire. En Meurthe-et-Moselle, ce sont 50 millions d’euros que nous devons trouver pour parvenir à boucler le budget 2025. 50 millions d'euros ! ». Et fait état « d’un constat partagé : le service public de proximité est en danger. »
S’agissant de la perte d’autonomie fiscale, le constat est partagé avec Michel Fournier, Président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) invité au débat : « La suppression de la taxe d'habitation a été une lourde erreur, une décision populiste. Quant aux départements, ils n'ont plus d'autonomie financière, ni de levier fiscal » rappelant « la nécessité de restaurer une fiscalité locale. Une fiscalité au service des projets de territoire qui permette de restaurer le lien de chacune et chacun avec le premier échelon démocratique que sont nos communes »
La présidente a également appelé à maintenir la « Solidarité territoriale en cessant de regarder nos territoires ruraux comme des espaces interstitiels des territoires urbains, parfois espaces nourriciers, parfois espaces de production d’énergies, parfois espaces récréatifs mais toujours définis du point de vue urbain et souvent regardés comme une charge. ». Elle poursuit : « la justice sociale et la solidarité territoriale sont l’essence même de notre République décentralisée », reprenant les mots de Gaston Defferre qui avait posé un principe simple « laisser aux collectivités la liberté d’agir et d’innover ». « C’est cette liberté que nous défendons, une liberté qui a été gravement mise à mal par une volonté recentralisatrice qui s’est souvent avérée autoritaire voire méprisante », ajoute-t-elle devant l’assemblée départementale et le parterre d’invité·e·s, élus locaux et partenaires de proximité du Département.
Et de conclure sur les projets qui risquent de se voir au mieux reportés et au pire abandonnés : « C’est la restructuration des collèges Croix de Metz à Toul et Eugène François à Gerbéviller, c’est la construction d’un nouveau collège sur le plateau de Haye à Nancy, c’est la restructuration du centre d’exploitation de Vandeléville, c’est la réalisation de la déviation de Saint-Nicolas-de-Port, c’est le soutien à la rénovation des résidences autonomie, c’est le renforcement de l’intervention sociale en commissariats et gendarmeries à Villerupt et à Lunéville, c’est la sauvegarde des lignes capillaires fret, par exemple entre Xeuilley, Pont-Saint-Vincent et Rosières-aux-Salines… Voilà ce pour quoi nous nous battons ! »