En ouverture de la session publique du Département de Meurthe-et-Moselle, consacrée notamment aux traditionnels échanges avec les représentants de l’État dans le département, Chaynesse Khirouni est revenue sur le « contexte international extrêmement grave », avant d’éclairer le paradoxe dans lequel se trouvent les conseils départementaux, lanceurs le 18 juin d’une alerte relative au financement de la solidarité nationale. Localement, les échanges et partenariats sont constructifs.
« En ces temps de confusion, un retour à la boussole républicaine, à la lumière de ses valeurs, devient presque un acte subversif et audacieux ; alors que les principes de la République devraient être le ciment de toutes et tous les démocrates sincères de ce pays. Un ciment qui, tel un lien invisible, nous unit par de-là nos sensibilités, nos différences, nos divergences et nous permet de faire société. Un lien qui doit nous permettre de construire sans relâche une cohésion sociale reposant sur la justice et le respect. Valeurs sans lesquelles la patrie ne serait qu’une chimère. À notre échelle meurthe-et-mosellane, au sein de notre collectivité en charge des grandes solidarités humaines, cet engagement républicain se traduit concrètement par des actions telles que la gratuité des transports scolaires, la tarification sociale des cantines des collèges, le soutien aux services d’aide à domicile, le revenu d’émancipation jeune ou encore l'engagement pour l'accès aux droits » a rappelé la présidente, déplorant un contexte budgétaire toujours plus difficile.
« Le Département entretient des relations constructives avec les services déconcentrés de l’État. Le mérite en revient aux acteurs tant administratifs que politiques de cette relation, mais aussi -et vous me permettrez de le souligner, Madame la Préfète- à l’attention toute particulière que vous accordez à la fluidité de nos coopérations institutionnelles au-delà des désaccords et du regard très critique que je peux porter sur les politiques menées par le Président de la République et ses gouvernements successifs ».
« C’est bien pour préserver ces articulations et partenariats au plus près des habitants que nous nous battons pour reconquérir l’autonomie financière du Département sans laquelle notre capacité à agir ne serait qu’illusion. Raison pour laquelle nous ne céderons jamais aux sirènes parisiennes qui nous enjoignent à nous consacrer exclusivement à nos compétences obligatoires. Non seulement cette injonction injurie l’esprit de la décentralisation qu’affirme notre Constitution en foulant au pied le principe républicain de libre administration des collectivités, mais, surtout, ignore la valeur ajoutée de cette collectivité centenaire qu’est le Département. Son échelle permet à la fois d’avoir une vision stratégique des besoins de plusieurs bassins de vie tout en restant assez proche pour être réellement opérationnel en construisant des complémentarités et des synergies locales […]
Pointant les grands défis sociétaux, Chaynesse Khirouni a conclu son propos sans fatalisme et avec un optimisme pragmatique : « Face à la peur du déclassement, au creusement des inégalités, à l'urgence climatique, nous avons besoin de porter un nouveau modèle. Nous avons besoin de poursuivre la décentralisation en redynamisant la démocratie locale. Des solutions existent. Elles s'expérimentent chaque jour sur nos territoires, initiées par nos concitoyennes et concitoyens, par les élus locaux. C’est ainsi que nous pouvons retrouver le goût de revenir à une République qui tient à nouveau ses promesses de justice, d'égalité et de fraternité ».