Nancy, le mercredi 7 février 2024
Appel lancé par
- Chaynesse Khirouni, Présidente du Département de Meurthe-et-Moselle
- Rose-Marie Falque, Présidente de l’Association des Maires de Meurthe-et-Moselle,
- Florence Picard, Présidente de l’Association des Maires ruraux de Meurthe-et-Moselle.
« L’éducation de nos enfants n’est pas une variable d’ajustement !
Avec pas moins de 54 suppressions de postes de professeurs des écoles en Meurthe-et-Moselle annoncées et un renforcement des moyens de remplacement, c’est une véritable hémorragie de fermetures de classe qui se profile avec plus d’une centaine de postes d’enseignants qui vont être retirés à la rentrée prochaine. Notre département est d’ailleurs le plus touché de Lorraine alors que ce n’est pas celui qui subit le plus la dépopulation scolaire. Pourquoi ? Quelle équité entre les territoires ?
Ces fermetures se traduiront inévitablement par une augmentation du nombre d’élèves par classe tandis que les statistiques montrent que la France est le pays de l’Union européenne dont les effectifs sont les plus lourds avec 22 élèves par classe.
Alors que les classements internationaux se suivent et se ressemblent comme autant de signaux d’alerte, illustrant un véritable décrochage, comment pourrions-nous rester silencieuses ?
L’addition de ces suppressions de postes et fermetures de classes n’a rien d’une fatalité mais relève de choix politiques qui ne peuvent se résumer à des logiques comptables. L’éducation de nos enfants mérite mieux et c’est encore plus vrai au sein de la ruralité comme de nos quartiers populaires.
La reproduction sociale caractérise encore trop souvent notre système éducatif. Ce constat d’une école contrastée, où des établissements prestigieux côtoient des ghettos scolaires, où de nombreux élèves doivent faire face à des temps de trajet quotidiens toujours plus importants comme à des inégalités d’accès au périscolaire et à des équipements culturels et sportifs notamment, ne cesse d’être dressé année après année. Comment ne pas faire de lien avec ces suppressions de postes et fermetures de classes qui se succèdent ?
Nous appelons, à travers cette tribune, l’ensemble des communautés éducatives, des parents d’élèves et des élus locaux à une mobilisation collective pour défendre la nécessité de moyens supplémentaires pour l’éducation de nos enfants, une nécessité qui doit d’abord et avant tout se traduire par un moratoire sur toute suppression de poste future d’autant plus que l’éducation est affirmée comme la première priorité nationale !
Nous appelons à travailler de concert pour la création de filières d’excellence au sein des établissements situés dans nos quartiers populaires comme dans la ruralité afin de donner à chacune et chacun les mêmes chances de réussite et d’émancipation et les protéger d’un déterminisme social qui mine les fondements de notre République. Pour cela, il nous faut adapter le service public de l'éducation pour qu’il puisse justement contribuer à l'égalité des chances et qu’il lutte contre les inégalités sociales et territoriales.
Le principe d’équité doit être au cœur de la politique éducative et la répartition des moyens doit tenir compte des différences de situations économique, sociale et territoriale. Comment demander à l’école de jouer tout son rôle si elle n’est pas davantage présente partout sur le territoire départemental auprès de ceux qui connaissent le plus de difficultés ?
Nous demandons donc à l’Éducation nationale d’ouvrir sans délai une large concertation sur l’adéquation entre moyens et besoins à l’échelle de notre département avec les différents acteurs et notamment les collectivités et leurs associations représentatives. »